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L'armement du guerrier de Gournay-sur-Aronde

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Année 1978 13 pp. 35-36
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REVUE ARCHEOLOGIQUE DE L'OISE N° 13/1978

L'ARMEMENT DU GUERRIER DE GOURNAY-SUR-ARONDE

par A. RAPIN

Un examen rapide des armes trouvées dans le fossé de l'enceinte cultuelle de Gournay-sur-Aronde révèle immédiatement l'extraordinaire unité de l'armement celtique que l'on peut observer depuis les bords de la Mer Noire jusqu'aux rivages de l'Irlande.

1) Parmi les armes offensives figure à la place d'honneur la longue épée, héritière des épées du premier Age du Fer. Elle fut probablement un des facteurs essentiels des premiers succès militaires des Celtes ainsi que l'instrument de la formidable expansion qui s'ensuivit.

2) L'épée est toujours accompagnée du fourreau également en fer et de son système de suspension (anneau et chaîne de ceinture) d'autant plus importants qu'ils sont plus sensibles que l'épée elle- même, aux variations chronologiques. Cette sensibilité est accrue par le fait que le fourreau est fréquemment le support de décors gravés ou rapportes donc intimement lié au milieu et à l'époque qui l'ont vu naître.

3) Viennent ensuite les lances, ou javelots dont l'extraordinaire variété de dimensions et de formes n'a pas reçu pour l'instant d'autre explication que la richesse imaginative des gaulois.

4) Enfin quelques armatures de flèches, aussi rares à Gournay que dans le reste du monde celtique, complètent cet équipement offensif en tous points semblable à celui trouvé ailleurs en Europe dans le mobilier des sépultures individuelles des guerriers, mais qui se trouve ici brisé et enfoui pêle-mêle avec des ossements d'animaux et d'humains.

5) Quant aux armes défensives, si l'on note surtout l'omniprésence du bouclier celtique classique, on remarque par contre un absent de marque : le casque.

Cette absence n'est certes pas sans signification, et c'est même à travers elle que nous allons pouvoir préciser les limites de notre étude.

I — Limites chronologiques

La période d'utilisation du fossé rituel de Gournay se situe d'après les premières estimations entre le milieu du 3e siècle et le début du 1 er siècle avant notre ère. c'est-à-dire

pour l'essentiel pendant ce que l'on appelle habituellement la Tène II. Or il se trouve que les casques celtiques connus appartiennent surtout aux deux périodes périphériques, soit de la Tène I, comme le casque de Berru, la Gorge- Meil let, Amfreyille, pour ne citer que les plus célèbres en France, soit de la Tène III comme celui découvert récemment à Soissons (1). Le port du casque était-il plus rare à cette période ?

II — Limites géographiques

Le site de Gournay se trouve en plein cœur de ce territoire que César disait occupé par les Belges, or les fouilles récentes ou anciennes de nécropoles ou de sépultures isolées dans cet espace géographique n'ont que rarement donné d'armes pour cette période et encore moins de casques (aucun à ma connaissance).

Serait-ce le fait d'une culture ou de cette «ethnie» Belge dont la présence et peut-être même l'arrivée serait ainsi attestée dans notre région vers le milieu du 3e siècle avant notre ère ?

III — Limites religieuses et culturelles

Le problème précédent nous amène à nous poser une double question : le rituel qui présidait à la destruction des armes et à leur enfouissement épargnait-il les casques ? C'est peu probable mais on ne peut écarter cette éventualité dans la mesure où nous ne connaissons que très peu la religion gauloise et ses rites sacrificiels locaux que ce soit par les textes ou par les fouilles.

D'autre part, dans l'hypothèse où il s'agirait de l'inhumation de trophées (au sens grec du terme « tro- paion») (2) ces armes seraient celles d'ennemis, donc non représentatives des « Goumaisiens» eux-mêmes mais de leurs voisins plus ou moins lointains et ennemis temporaires.

Dans le cas contraire, si ces armes sont celles de leurs propres guerriers, s'agirait-il d'un rite différent, lié aux coutumes funéraires de ces populations et à leur comportement face au concept de la mort. Ce fossé serait-il alors le témoin d'une profonde mutation de la mentalité

celtique, consécutive ou contemporaine de changements sociaux et économiques importants?

IV— Limites dues à l'état de conservation du matériel

En effet, seuls se sont conservés dans le fossé les ossements et les objets métalliques, et si la corrosion de ces derniers rend difficile leur étude elle est néanmoins possible. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les objets en matières périssables comme le bois et le cuir qui peuvent rentrer dans la fabrication d'un bouclier aussi bien que d'une poignée d'épée. La disparition du cuir rend énigmatique le système de suspension de l'épée à la ceinture et problématique la présence d'autres pièces du vêtement telles que cuirasses, ceintures, chaussures, harnais et pourquoi pas casques. Si l'on observe attentivement des représentations de guerriers, certes plus tardives comme celles de l'Arc d'Orange, on voit parfois à l'emplacement du casque sur les trophées, une curieuse coiffure semblable à un scalp qui pourrait bien correspondre à un casque de cuir et de crins. D'autre part il n'est pas exclus que, la ou les nattes, dont on fait état à propos des gaulois soient en réalité des protège nuques naturels et efficaces auquel cas la présence du casque métallique se justifierait moins (voir également les représentations de guerriers à grosses nattes torsadées sur certaines monnaies des Belges : LT8624 ainsi que sur certaines plaques du chaudron du Gundestrup). Hypothèse tout à fait conforme à un style de combat privilégiant les coups de taille aux coups d'estoc, comme le révèle l'évolution de la forme de l'épée. Ce bref tour d'horizon des causes éventuelles de l'absence des casques révèle en définitive l'essentiel des problèmes posés par la découverte de Gournay : problèmes chronologiques, ethniques, culturels, religieux, ainsi que ceux posés par l'étude de la restauration du matériel.

En attendant que l'étude de synthèse globale entreprise par J.L BRUNAUX, inventeur du site, apporte quelques lumières sur ces problèmes, nous proposons au lecteur que les numéros à venir de la

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